Je rêve d’ateliers d’écriture comme de paniers de littérature, plein de livres, de langages, de découvertes, sensations nouvelles ou retrouvées, émotions à dénouer ou à lier. Je rêve de partager quelques ingrédients, un ou deux tours de mains et, surtout, des itinéraires pour que chacun, chacune, cultive ses mots à lire et à écrire, creuse le bout du monde qu’il, elle, porte en lui, elle. Un bout du monde révélé comme nul autre par la littérature, pour chacun, chacune, sa terra incognita. 

Tu t’étonnes certainement de lire ces mots, encre gorgée d’ambition. Ne t’y méprends pas, je cherche moi-même le bout du monde que je porte et, utopiste que je suis, c’est parce que je suis convaincue que l’expérience d’écriture ouvre un chemin à soi, à l’autre, tisse de nos intimes l’universel, redresse nos corps et élève nos âmes, en un mot, trace les lignes d’un monde meilleur, que j’ai l’envie, poussée par un irrépressible besoin, d’imaginer des ateliers comme autant d’invitations à des voyages immobiles. 

Tu comprends désormais  combien j’ai besoin de toi, encore, souvent, toujours, puisque sans toi, papier-crayon, nul mot, nulle phrase, nulle rature, nul texte pour atteindre la page des bouts du monde.